par Victor Kernen et Alenka Bonnard
Le projet Dry January a été mis en oeuvre en Suisse en fin d’année passée à l’initiative du staatslabor afin de repenser la façon de conduire les campagnes de prévention contre l’alcoolisme, dans le cadre du budget mis à disposition par l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP). Cette première édition fut une grande réussite: la moitié de la population a entendu parler de la campagne et 75% des adultes interrogés disent pouvoir s’imaginer participer au Dry January dans le futur. Pourquoi un tel succès, alors que d’autres campagnes de prévention contre la consommation excessive d’alcool restent largement méconnues du public?
1) Une approche basée sur des faits avérés
Le Dry January existe depuis plusieurs années en Grande-Bretagne et a fait l’objet de plusieurs études, qui en ont démontré les effets positifs pour les participants: suite à une participation, ces derniers réduisent en effet leur consommation d’alcool sur le long terme. Nous avons pu profiter des expériences faites en Grande-Bretagne pour faire passer notre message plus efficacement. Nous avons complété ces données empiriques par des recherches, des entretiens avec des expertEs ainsi que des ateliers participatifs avec le public cible afin d’adapter au mieux le projet au contexte suisse.
2) Des messages positifs et encourageants
C’est l’un des principaux points tirés de nos entretiens avec des expertEs en matière de prévention: les messages positifs touchent plus profondément que les messages négatifs, qui peuvent avoir un effet contre-productif chez certains groupes (voir notre précédent article à ce sujet). C’est pourquoi nous avons orienté la campagne non pas sur la maladie, mais plutôt sur l’impact positif que la réduction de consommation peut avoir sur le quotidien et le long terme, en axant sur des messages encourageants et drôles. Les slogans utilisés sur les réseaux sociaux, les textes du site internet et toutes les autres communications relatives au Dry January ont été formulées dans cette optique.
3) Des démarches centrées sur les utilisatrices et utilisateurs
Le public-cible a été impliqué dès les premières étapes du projet lors d’un atelier participatif et est resté notre première priorité dans chaque phase du développement de la campagne. Cela nous a entre autres permis de créer un site internet informatif ainsi qu’un processus d’inscription réduit au strict minimum ne demandant que l’adresse e-mail et aucune donnée supplémentaire. Il faut aussi relever que la campagne construit sur une tendance actuelle à un mode de vie plus sain et répond donc à un besoin existant au sein de la population.
4) Un concept innovant
Le concept du Dry January, présenté de façon moderne comme un défi à relever, a été perçu comme très innovant, le secteur de la prévention étant généralement vu comme plutôt traditionnel. Cela nous a permis d’éveiller l’intérêt de la population et de la presse, ce qui s’est traduit par de nombreux articles dans les médias.
5) Une vaste coalition d’organisations de la prévention
La campagne a été organisée en étroite collaboration avec la Croix-Bleue Suisse et le Groupement Romand d’Étude des Addictions (GREA). De plus, nous avons pu compter sur le relais de plus de vingt autres organisations de la prévention et autres partenaires. Cela nous a donné de la légitimité et nous a permis de diffuser nos messages à travers des canaux de communication variés.
Le succès de la première édition du Dry January en pleine pandémie de COVID-19 est encourageant en ce qui concerne le futur de l’initiative.
Si vous souhaitez en savoir plus sur la campagne et la contribution du staatslabor à celle-ci, nous vous invitons à lire nos deux articles précédents “Du smoothie pour ton summerbody: le Dry January fait son entrée en Suisse” et “Les messages positifs touchent plus profondément”.