Max, pourquoi le staatslabor?
La Suisse a la chance d’être dotée d’une administration très dynamique - et ce à tous les niveaux. Les communes testent toutes sortes de nouvelles idées, qui peuvent ensuite être utilisées ailleurs. Les cantons ont même institutionnalisé cette démarche au moyen de concordats. L’État fédéral sait être attentif aux enjeux futurs de notre société.
Au staatslabor, nous opérons comme plate-forme d’échange et comme intermédiaire entre l’administration et acteurs externes : ONG, universités, entreprises privées, administrations étrangères et population civile. Nous proposons ainsi à nos administrations les outils nécessaires pour leur permettre, à l’avenir, d’offrir aux citoyens la meilleure société possible. Et nous mettons également directement à disposition un lieu où discuter de ces instruments et où les tester. Et ce bien entendu dans la plus pure tradition «bottom-up» helvétique!
Quels sont pour toi les défis les plus importants que l’administration doit relever dans les 10 ans à venir?
Elle doit vraiment accélérer son processus. Les nouvelles technologies - et les défis sociétaux qui les accompagnent - sont beaucoup plus présents dans le débat public qu’autrefois. À une époque où l’on peut gérer son compte bancaire en ligne, les besoins des citoyens sont tout autres. L’administration doit aller vite, mais en même temps, elle doit rester sûre et fiable. Ce n’est possible que si elle intègre rapidement les nouvelles technologies dans son travail quotidien. Si elle ne le fait pas dans les plus brefs délais, elle perdra la confiance non seulement de la population mais également des entreprises.
Quel projet public étranger innovant devrait-on d’après toi introduire en Suisse?
Il y a deux projets que je trouve intéressants. Le premier est une idées de nos amis techniciens : des personnes issus des domaines techniques (comme par exemple des informaticiens mais pourquoi pas aussi des designers) font une sorte de «stage» au sein d’une commune, d’un canton où au niveau fédéral. Le plus important, c’est qu’ils soient placés à un niveau stratégique, pour leur permettre d’ouvrir de nouvelles perspectives. Ils ne sont pas là pour régler les problèmes informatiques de l’administration, mais pour développer de nouvelles idées afin de gérer les défis rencontrés au moyen de leur expérience et de leurs techniques de travail. Il existe de nombreux exemples de tels projets, notamment aux États-Unis.
Le second projet ne vient pas vraiment de l’étranger, mais je crois qu’il est essentiel que nous ayons sous peu une carte d’identité numérique en Suisse. Il y en a déjà une en Estonie, aux Pays-Bas et ailleurs. Avec une telle carte, on peut s’occuper de ses démarches administratives en ligne, fonder une entreprise ou obtenir une autorisation. En fait, il est assez anachronique de voir que cette carte numérique n’existe toujours pas chez nous.
Quelle est ta meilleure expérience avec l’administration publique? Et la pire?
Ma pire expérience avec l’administration, c’est lorsque j’ai eu droit à une bourse pour un séjour à l’étranger d’une année - dans trois pays différents où je suis resté à chaque fois trois mois et, entre deux, je rentrais en Suisse ou j’allais à Berlin ou encore en Asie - apparemment, trop compliqué pour l’administration. Et ce qui m’a particulièrement agacé, c’est que je ne comprenais même pas ce que j’étais censé faire. Heureusement, à la fin, les différentes administrations concernées ont fini par fermer les yeux - ce qui, à l’inverse, a été une très bonne expérience. Cette histoire m’a montré à quel point la réalité de nos vies actuelles ne peut être transcrite dans des formulaires pré-imprimés. Mais les formulaires numériques ne sont pas non plus une solution! Le but, c’est que la numérisation soit suffisamment automatisée pour de laisser aux employés des guichets assez de temps et de flexibilité pour traiter les cas difficiles - là où il y en a vraiment besoin!
Que fais-tu lorsque tu n’es pas au staatslabor?
À côté de mon activité au staatslabor, j’offre du conseil aux entreprises et entités publiques dans leur relation au numérique - généralement dans le domaine politique ou social - dans le cadre de mon activité chez crstl, un cabinet de conseil. Au sein du comité directeur du think tank foraus - le forum de politique étrangère - je m’occupe aussi de questions stratégiques. Je suis également engagé dans le conseil d’administration du journal le plus décontracté au monde : tsüri.ch. Je peux y observer comment de jeunes gens pas compliqués inventent le journalisme local de demain. Et j’ai encore d’autres projets qui sont pour l’instant secrets mais tout à fait palpitants...
Pour finir, je connais quelques personnes à Zurich qui mixent de la bonne techno, je sors donc volontiers le week-end.
Zurich, Berne, Khartoum?
Si je devais choisir? Zurich! Six mois de brouillard, quatre mois de pluie, deux mois de dolce vita. Que vouloir de plus ? Mais mon expérience dans des endroits qui ne font pas partie des lieux de résidence les plus populaires - Soudan, Irak, etc. - je n’y renoncerais certainement pas. Contrairement aux choses qui nos sont apprises à l’université, on n’oublie pas rapidement de telles expériences.
Que vois-tu en ce moment lorsque tu regardes par la fenêtre?
Mes voisins dans leur salon. J’habite dans le centre de Zurich, dans une barre d’immeubles qui date du début du XX° siècle. Ils sont construits de façon assez dense, et j’aime bien cette densité à Zurich. Je ne comprends pas pourquoi on ne construit plus de cette façon aujourd’hui (alors que de tels appartements sont très populaires). Aujourd’hui, on met plutôt un peu de verdure autour des maisons et personne ne sait trop pourquoi… il n’est certainement même pas permis d’y jouer.